4e dimanche de carême

Scrute-moi mon Dieu

Pour ceux qui recevront le baptême dans la nuit de Pâques, vient le temps de l’ultime préparation avec, lors des 3e, 4e et 5e dimanche de carême, la cérémonie des « scrutins ». Il s’agit pour eux de se laisser littéralement « scruter » par Dieu. De s’exposer au regard de Jésus afin que sa lumière éclaire leur cœur.

Cela pourrait faire peur… Jean Paul Sartre raconte avoir été saisi de terreur en imaginant que Dieu le voyait alors qu’il était seul et nu. Une telle peur n’est-elle pas le fruit d’une totale méconnaissance du cœur de Dieu ?

Car, nous le savons d’expérience, il y a deux sortes de regards. Les uns sont malveillants, voyeurs et impurs. De ceux-là nous cherchons, à juste titre à nous protéger. Mais il y a une autre catégorie de regards : ceux qui, emplis de bienveillance, appellent la vie en nous et mettent en lumière ce qui est bon. Tel est le regard que Jésus pose sur nous pour peu qu’on l’y autorise.

Une célèbre fresque de Fra Angelico représente le Christ flagellé, les yeux bandés, fermant les yeux sur le mal qu’on lui inflige. En la rapprochant d’une parole du prophète Habacuc – « Tes yeux, Seigneur, sont trop purs pour voir le mal ! » (Hab 1, 13) – un théologien a défendu l’idée que Dieu ne peut voir le mal.
Quoiqu’il en soit de cette position théologique, retenons que le regard de Jésus n’est que lumière : « Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui » (Jn 1).

S’exposer à lui, c’est guérir de l’erreur de Sartre, et avant lui d’Adam et Eve qui, aussitôt après avoir désobéi, fuirent la face de Dieu, craignant d’être mis à nu pour leur honte. De ce cauchemar Jésus nous libère en posant son regard lumineux sur nous.

Alors, n’ayons pas peur ! Avec nos catéchumènes, laissons-nous scruter par Dieu. Et laissons Jésus nous guérir de la peur.  

« Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée.
Vois si je prends le chemin des idoles.
Conduis-moi vers le chemin d’éternité. »
(Psaume 138)